Dans le langage courant et dans divers contextes sociétaux ou politiques, il est fréquent d’entendre les termes « autochtone », « aborigène » et « indigène ». Pourtant, il n’est pas toujours aisé de saisir les nuances qui existent entre ces concepts. Cet article se propose d’éclairer vos lanternes sur ce sujet complexe mais passionnant en explorant l’étymologie, l’historique et la signification contemporaine de ces mots.
Étymologie des termes autochtone, aborigène et indigène
Avant de plonger dans les différences conceptuelles, nous allons explorer brièvement l’origine des mots autochtone, aborigène et indigène.
- Autochtone vient du grec autokhthôn, qui signifie “issu de la terre même, du territoire même”. Il désigne une personne originaire d’une terre, dont les ancêtres sont également originaires du même territoire.
- Aborigène vient du latin aborigen(es), qui signifie “peuples premiers vivant sur un territoire”. Ce terme s’applique principalement aux populations natives d’Australie.
- Indigène quant à lui provient du latin indigena, qui signifie “engendrer dans, à l’intérieur de”. Ce mot a évolué au fil du temps et en particulier en France où il a été utilisé pour mettre en place le régime et le code de l’indigénat à la fin du XIXe siècle.
Indigène : un terme aux multiples interprétations
De nos jours, en français, le mot indigène désigne les individus qui vivent sur le territoire où ils sont nés. Cependant, un indigène peut ne pas être autochtone s’il ne possède pas d’ancêtres nés dans le pays dans lequel il réside. Ainsi, l’indigénat désigne avant tout le lieu de naissance d’une personne, sans se soucier nécessairement de ses origines ethniques ou familiales.
Les changements sociopolitiques impactant le sens des termes
La langue française ainsi que les contextes politiques et sociaux ont influencé l’évolution du terme “indigène” et ses différenciations avec les autres concepts abordés ici. Dans certains cas, on a recours à ces mots pour désigner des peuples ayant subi la colonisation, l’esclavage ou encore la domination culturelle, souvent pour souligner leur statut de victimes ou d’opprimés.
Autochtone : une notion d’enracinement territorial et ancestral
Lorsque l’on parle d’autochtones, on fait référence à des personnes dont les ancêtres sont originaires du même territoire que celui où elles résident aujourd’hui. Il faut préciser que pour être défini comme autochtone, il faut que les ancêtres d’une personne soient également originaires du même territoire. Cela implique une continuité générationnelle et un enracinement historique sur une terre donnée.
L’autochtone face à l’immigration
Un autochtone peut également désigner toute personne originaire de la même terre que ses ancêtres, mais qui n’y vit plus à cause de l’immigration. Ainsi, lorsque l’on emploie le mot autochtone, on met l’accent sur les liens historiques et familiaux avec un territoire spécifique, même si ces personnes ne résident plus forcément dans cette région aujourd’hui en raison des mouvements migratoires.
Aborigènes : les premiers peuples d’un territoire donné
Dans son sens originel, le terme “aborigène” s’applique aux populations natives d’Australie, mais il est aussi parfois utilisé pour désigner les premiers peuples vivant sur un territoire donné. Il est important de noter qu’aujourd’hui, un autochtone est rarement un aborigène, car il ne fait pas partie du tout premier groupe humain ayant vécu sur le territoire. De même, un indigène peut ne pas être considéré comme aborigène s’il appartient à une communauté arrivée après les premières populations.
En résumé, les termes autochtone, aborigène et indigène renvoient à différentes notions d’origines ethniques, familiales et territoriales. L’autochtone a des racines ancestrales sur le même territoire, l’aborigène fait partie des premiers peuples d’un territoire donné, tandis que l’indigène est principalement défini par son lieu de naissance. Cependant, il convient de noter qu’en fonction des contextes historiques, culturels et géographiques, ces définitions peuvent varier légèrement et évoluer au gré des enjeux sociopolitiques.